L’autrice sud-coréenne Han Kang a été couronnée du prix Nobel de littérature 2024, une distinction qui met en lumière son talent exceptionnel à traiter des traumatismes historiques tout en révélant la fragilité de l’existence humaine. À 53 ans, Han Kang devient la première écrivaine sud-coréenne à recevoir ce prix prestigieux.
Née à Gwangju, la romancière a grandi dans un environnement littéraire grâce à son père, Han Seung-won, également écrivain. Han Kang s’est fait connaître sur la scène internationale grâce à son roman La Végétarienne, publié en 2015, qui a suscité un vif intérêt pour son exploration des normes sociales à travers le récit de Yeong-hye, une femme qui refuse de se soumettre à la pression alimentaire.
Une Surprise et un Choix Audacieux
La nouvelle de son prix Nobel a pris l’autrice par surprise, alors qu’elle dînait avec son fils. « C’était un jour ordinaire, je n’étais vraiment pas préparée à cela », a-t-elle confié. La décision de l’Académie suédoise de décerner ce prix à une autrice sud-coréenne, en dépit des pronostics favorisant d’autres noms, marque une nouvelle ère dans la reconnaissance de la littérature asiatique et féminine.
Les critiques saluent ce choix comme un « rééquilibrage vers les femmes et l’Asie », soulignant que l’Académie continue d’ignorer les tendances politiques immédiates, choisissant plutôt de célébrer une voix unique qui aborde des thèmes universels avec sensibilité et poésie.
Une Œuvre Engagée et Poétique
Han Kang est connue pour son style poétique et expérimental, qui transcende les simples récits pour aborder des questions de souffrance, d’identité et de résilience. Ses romans, tels que Human Acts, témoignent des événements tragiques de Gwangju en 1980, où l’armée sud-coréenne a réprimé une révolte étudiante, offrant une voix aux victimes de la violence d’État.
Son dernier livre, Impossibles adieux, a également été salué pour sa réflexion sur les purges communistes à Jeju, marquant une continuité dans son exploration des injustices historiques. Avec une approche littéraire riche et nuancée, Han Kang réussit à relier le personnel et le politique, faisant de son œuvre une source d’empathie et de compréhension.
Une Victoire pour la Culture Sud-Coréenne
Cette distinction s’inscrit dans un contexte plus large de reconnaissance de la culture sud-coréenne sur la scène mondiale. Après le succès du film Parasite et de la série Squid Game, le prix Nobel de littérature vient renforcer l’image dynamique et créative de la Corée du Sud.
Avec ce prix, Han Kang reçoit la somme de 11 millions de couronnes suédoises (environ 970 000 euros), marquant une étape importante dans sa carrière. En devenant la dix-huitième femme à remporter ce prix, elle ouvre la voie à d’autres écrivains asiatiques et continue d’inspirer de futures générations de narrateurs.
L’annonce de ce prix a été accueillie avec enthousiasme, témoignant d’un intérêt croissant pour la littérature asiatique et l’importance des voix diversifiées dans le paysage littéraire contemporain.