L’auteur français le plus lu au monde, Marc Levy, signe son 26e roman, une comédie engagée où la fiction s’entrelace avec l’actualité. À travers l’histoire de Mitch, un libraire passionné, il met en lumière la lutte contre une censure grandissante, inspirée par une loi américaine interdisant des milliers de livres dans les écoles et les bibliothèques. Dans cette interview, l’auteur, qui a conquis les lecteurs du monde entier, nous parle du pouvoir des mots, de la résistance qui anime son récit et de la magie intemporelle de la littérature.
Votre nouveau roman, La librairie des livres interdits, est un vibrant hommage à la littérature, à la résistance et à l’amour. Si l’histoire relève de la fiction, un détail nous ancre immédiatement dans la réalité : HB 1467. Pourquoi avoir choisi d’introduire cet élément très concret dans un roman qui, par ailleurs, semble se situer hors du temps et de l’espace ?
Marc Levy : Il y a deux ans, j’ai découvert la promulgation de la loi HB 1467 en Floride, qui a depuis fait des émules dans un certain nombre d’États américains. Cette loi permet aux pouvoirs ultraconservateurs d’interdire l’accès à certains livres dans les bibliothèques scolaires, les établissements scolaires et même les bibliothèques publiques pour les mineurs. Ce qui m’a immédiatement frappé, c’est la liste des ouvrages bannis et les raisons invoquées pour leur interdiction.
En Floride, le gouverneur Ron DeSantis refuse de légiférer sur les armes semi-automatiques, malgré l’ampleur des fusillades dans les écoles. Selon lui, interdire ces armes reviendrait à restreindre les libertés individuelles. Pourtant, dans le même temps, il n’hésite pas à priver les enfants de certains livres, comme si ces derniers représentaient une menace plus grande que des armes automatiques ou semi-automatiques.
Plutôt que d’écrire un document sur la censure, ce qui aurait été aride, j’ai voulu comprendre pourquoi un petit dictateur en puissance, redoute davantage les mots que les balles. Cette réflexion a donné naissance à l’envie d’écrire un roman sur le formidable pouvoir des mots et de la lecture.
On parle beaucoup des réseaux sociaux et des smartphones, mais on oublie souvent la force insoupçonnée contenue dans les pages d’un livre. Les livres sont d’abord un outil de résistance : résistance à la haine, à la peur, au stress et aux angoisses distillés par les réseaux sociaux. Mais ils offrent aussi un horizon, une richesse que l’on sous-estime parfois.
C’est ainsi qu’est né ce roman, une comédie sur l’amour des livres, conçue pour donner envie de lire. Mais elle s’inspire de cette réalité consternante aux États-Unis.

Dans ce roman, les livres sont des symboles de liberté et de résistance à l’autoritarisme. Pourquoi, encore aujourd’hui, sont-ils perçus comme une menace par certains régimes ou courants de pensée ?
Marc Levy : Orwell l’avait déjà très bien expliqué dans 1984 : la dictature repose sur une pensée unique. Elle a besoin de désigner une minorité pour en faire son ennemi, faute de pouvoir proposer un véritable programme de vie à la société. Ainsi, son programme se construit autour de la désignation de cet ennemi.
Ensuite, toutes les dictatures de l’Histoire ont échoué, mais leurs dirigeants ne veulent surtout pas que cela se sache. C’est là que les livres deviennent une menace. La dictature et l’autocratisme reposent sur la peur. Sans peur, un régime autoritaire ne fonctionne pas. Il doit terroriser pour s’imposer. C’est pourquoi les partis extrémistes, qu’ils soient d’extrême droite ou d’extrême gauche, commencent toujours par instiller la peur : peur de l’autre, peur d’une minorité présentée comme une menace pour votre modèle de vie.
Mais pour entretenir cette peur, il faut maintenir les gens dans l’ignorance. Si vous lisez les romans de Toni Morrison, vous ne pouvez plus être raciste. Si vous lisez Le Journal d’Anne Frank, vous ne pouvez plus être antisémite. Si vous découvrez, à travers la littérature, les réalités de l’époque franquiste, vous ne pouvez plus adhérer aux extrêmes droites religieuses. De même, si vous lisez des ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale et comprenez la faillite morale du nazisme, vous ne vous demanderez plus si Elon Musk a fait ou non un salut nazi : vous saurez le reconnaître.
Empêcher de lire ces livres, c’est le seul moyen pour les dictateurs de maintenir l’ignorance et, par conséquent, de cultiver la peur. La haine est facile à instiller : il suffit de convaincre quelqu’un qui n’a jamais eu l’opportunité de lire que le livre est l’ennemi du peuple. Ainsi, les dictateurs ont toujours eu peur des livres.
Empêcher de lire ces livres, c’est le seul moyen pour les dictateurs de maintenir l’ignorance et, par conséquent, de cultiver la peur. […] Les dictateurs ont toujours eu peur des livres.
Au moment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le gouvernement de Poutine met en place un programme de déportation de 40 000 enfants ukrainiens. Évidemment, cette réalité est ignorée, niée et incomprise. Poutine présente cela à son peuple comme une opération de sauvetage, prétendant que ces enfants ukrainiens sont pris en charge et protégés. C’est le mensonge, la désinformation pure et simple. Ainsi, certains citoyens russes, de bonne foi, croient réellement que la Russie agit pour le bien de ces enfants abandonnés, orphelins.
Mon roman, La Symphonie des monstres, qui repose sur une enquête, raconte une histoire bien différente. Il plonge le lecteur dans la vie d’une femme infirmière, travaillant dans un dispensaire dans une région ukrainienne occupée par les Russes. Un matin, son petit garçon est kidnappé à l’école et envoyé en Russie. Le roman suit alors l’histoire de la sœur de ce garçon, une adolescente, et de cette femme infirmière qui vont tout faire pour récupérer le petit.
Pourquoi je vous parle de ce roman ? Parce que, quelle que soit votre nationalité – russe, espagnole, italienne, anglaise ou allemande – lorsque vous entrez dans la vie de cette femme, de cette jeune adolescente, et dans la tête de ce petit garçon kidnappé, tout disparaît : les religions, les couleurs de peau, les nationalités, les origines. Ce qui reste, c’est l’essentiel. Et vous ne pouvez pas rester insensible à cette monstruosité. Les auteurs de cette horreur ne veulent surtout pas que vous y accédiez. C’est pourquoi ce livre est censuré en Russie.
Vous avez cependant réussi à rendre ce livre accessible à vos lecteurs russes…
Marc Levy : Oui, nous avons réussi à le rendre gratuitement accessible en ligne, et ce, sur un grand nombre de plateformes.
Dans mon nouveau livre, lorsque je raconte l’histoire de ce libraire qui entre en résistance, l’intention est la même : susciter le désir de lire. Faire comprendre à ceux qui, aujourd’hui, se laissent détruire par la haine et la désinformation des réseaux sociaux, que dans les livres, ils trouveront la paix, le bonheur, et surtout une envie d’aimer, plutôt que de nourrir une soif de détester.
Je n’ai pas beaucoup de certitudes dans la vie, j’ai même souvent des doutes. Mais une chose dont je suis sûr, c’est que l’on vit beaucoup plus heureux en aimant qu’en haïssant. Je n’ai jamais rencontré de personnes haineuses vraiment heureuses. Bien sûr, j’en ai vu qui paraissaient satisfaites, mais cette satisfaction était illusoire. Quand on observe les présentateurs de Fox News, avec toute cette haine qui les anime, ils semblent très sûrs d’eux… mais ce ne sont clairement pas des gens heureux. Leur visage trahit l’absence de bonheur.

La résistance, qu’elle s’exprime face à l’oppression, à l’injustice ou dans des combats plus intimes, traverse votre œuvre comme un fil rouge, y compris dans votre dernier roman. Qu’est-ce qui fait de ce motif une nécessité pour vous ?
Marc Levy : À 18 ans, lorsque je suis entré à la Croix-Rouge, j’ai vécu quelque chose de fondamental. À l’adolescence, on traverse souvent cette période où l’on se pose des questions existentielles : qui suis-je, quel est mon rôle parmi des milliards de personnes, que vais-je faire de ma vie ? Étrangement, la réponse à ces questions m’est venue au moment où je me suis occupé d’autrui. Dès lors, mon centre de gravité a basculé, non plus vers moi-même, mais vers les autres. Ce que j’ai découvert à ce moment-là, c’est que beaucoup de bonheur se trouve dans le fait de se soucier des autres.
L’empathie est un moteur extraordinaire. Et la manière dont elle nous porte dans la vie est véritablement frappante. Prenez un exemple simple : dans le métro, lorsqu’une personne est agressée, qu’est-ce qui fait que certains restent là, indifférents, tandis que d’autres se lèvent pour intervenir ? Il suffit qu’une seule personne se lève pour que tout un mouvement se crée, et qu’une atrocité soit empêchée. Ce sentiment de résistance, je crois qu’il est en chacun de nous, et le fait de ne pas l’utiliser me semble être un gâchis. Après, bien sûr, chacun agit comme il l’entend, mais pourquoi ai-je choisi cette voie ? Parce qu’en rejoignant la Croix-Rouge, j’ai découvert un bonheur immense à me soucier des autres.
Cela a donné un sens profond à ma vie. Il est facile de se dire qu’on n’a rien à faire des souffrances des autres, des gens qui meurent de faim à des milliers de kilomètres. Mais pour ma part, je ne peux pas me résoudre à cette indifférence. Je n’ai pas le choix, cette réalité me hante.
[…] Ce sentiment de résistance est en chacun de nous, et ne pas l’utiliser serait un véritable gâchis.
Bien sûr, on ne peut pas résoudre tous les problèmes du monde ni effacer toute la misère, mais chaque geste, chaque petite action a son importance. C’est déjà une victoire de faire ce qu’on peut, à notre échelle. Pour ma part, j’essaie de contribuer à ma manière, à ma façon, en croyant profondément à cette résistance individuelle qui, lorsqu’elle se rassemble, devient une résistance collective. Et c’est justement ce que les dictatures et les autocrates redoutent : l’idée que les gens puissent envisager une alternative à leur pouvoir. Le système vacille dès que les individus se réveillent, prennent conscience qu’ils ne sont pas seuls. C’est à ce moment-là que tout peut basculer. Les révolutions prennent forme quand les gens comprennent qu’ils partagent la même souffrance, qu’ils sont nombreux à faire face à la même injustice. C’est ce réveil collectif qui permet de renverser les choses.
Les personnages de La librairie des livres interdits sont à la fois fascinants et engagés. Sont-ils purement fictifs, ou s’inspirent-ils de personnes réelles ou d’événements précis ?
Marc Levy : Les deux, en réalité. Mes personnages sont fictifs, mais souvent, ils puisent dans des traits de caractère, des gestes, des répliques ou des attitudes de personnes que j’ai croisées dans ma vie, de ceux qui m’ont profondément marqué, et parfois même de fragments de moi-même. Par exemple, je peux très bien intégrer une part de moi dans le personnage d’une vieille dame, sans que ce soit nécessairement une copie physique. Ce qui me procure le plus de plaisir dans mon travail, c’est la construction de ces personnages. Et, je crois que ce sont eux qui m’aident à me construire. Ils m’apportent énormément. Comme je le disais plus tôt, le livre nous offre une richesse de nuances. Il nous prend du temps, mais en retour, il nous en accorde aussi. Lire, c’est s’offrir du temps à soi-même. Et pour créer mes personnages, je m’octroie aussi ce temps. Je vais à leur rencontre, je les fréquente, et au fil du récit, il arrive un moment où je n’arrive plus à distinguer clairement la fiction de la réalité. Pour moi, Mme Ateltow, Anna, Mitch… tous les personnages sont réels. Ils ne sont pas que des figures imaginaires, ce sont des amis, ou des ennemis, qui prennent place dans ma vie.
La couverture de votre livre est vraiment magnifique et suscite de nombreux commentaires positifs. Comment avez-vous choisi cette illustration et quelle importance accordez-vous à l’aspect visuel dans la conception de vos livres ?

Marc Levy : Alexis Bruchon, artiste, graphiste et illustrateur, avait organisé une exposition à New York à laquelle j’ai eu la chance d’assister. Je suis tombé amoureux de son travail. Lors du vernissage, un peu timidement, je me suis approché de lui pour lui demander s’il accepterait de réaliser la couverture de mon prochain roman. Avec une grande générosité, il a accepté. Nous avons donc commencé à collaborer. Je lui ai exposé ce que je recherchais, ce que je souhaitais, et après quelques échanges d’idées et plusieurs allers-retours, il a créé cette magnifique couverture. Je suis vraiment très heureux du résultat.
Nous avons d’ailleurs poursuivi notre collaboration, car à l’occasion des 25 ans de Si c’était vrai, Pocket publiera une édition spéciale qui mêle ce roman et sa suite. Alexis a également refait la couverture de cette édition, et une fois de plus, le résultat est magnifique. J’accorde une grande importance à l’aspect visuel des livres. Le livre est un véritable compagnon, un objet que l’on garde auprès de soi, et je trouve qu’il est important qu’il soit beau.
La littérature est souvent perçue comme un domaine réservé à une certaine élite, où des critiques et des spécialistes tracent les frontières entre le bon et le mauvais livre. Vous, vous défendez une vision plus ouverte, où la lecture devient un espace de partage, de liberté et d’universalité. Dans ce contexte, comment définissez-vous ce qui fait un ‘bon’ ou un ‘mauvais’ livre, dans un monde où les recommandations et les tendances influencent fortement les choix des lecteurs ?
Marc Levy : Il y a un paradoxe assez amusant à souligner. Ces intellectuels de la littérature que vous mentionnez, qui encensent les classiques, méprisent souvent les livres qui dépassent un certain seuil de popularité. Pourtant, les classiques qu’ils encensent étaient, de leur vivant, largement considérés comme de la littérature populaire et détestés par la critique de l’époque. C’est curieux, non ? On pourrait penser que l’intelligence humaine évolue, mais force est de constater que le petit monde littéraire semble se répéter, reproduisant les mêmes erreurs et prétentions que les générations précédentes. Je crois que ces critiques nuisent profondément au livre. Quant à la question de ce qui définit un bon ou un mauvais livre, je dirais que, pour moi, un mauvais livre est celui qui vous dégoûte de la lecture, tandis qu’un bon livre est celui qui vous donne envie de lire un autre. C’est là, à mon sens, la véritable définition du bon et du mauvais livre.
Un mauvais livre est celui qui vous dégoûte de la lecture, tandis qu’un bon livre est celui qui vous donne envie de lire un autre.
Celui qui utilise la lecture pour nourrir son ego et pour donner des leçons n’a rien compris à la véritable essence de la littérature. La bonne littérature, ce n’est ni une question de style ni d’effets ; car le style, comme la mode, évolue avec le temps. Ce qui semble « stylé » aujourd’hui peut ne plus l’être demain. Un bon livre, c’est un livre qui vous saisit, qui vous emmène, et une fois refermé, vous donne cette soif de lire encore, encore et encore. Les critiques et les censeurs, peu importe ce qu’ils disent. Souvenez-vous qu’il y a eu des critiques musicaux qui niaient que le rap, le jazz ou le rock étaient de la musique. Ils avaient tort, et leur opinion ne compte pas.
Ne laissez pas les autres vous faire croire que vos ressentis sont erronés. Ceux qui se croient plus légitimes que vous à juger ce que vous ressentez sont non seulement prétentieux, mais leur avis est d’une totale futilité. Si vous cherchez un bon livre, laissez-moi vous donner un conseil : entrez dans une librairie, loin des recommandations numériques. Promenez-vous entre les rayons, touchez les livres, lisez les quatrièmes de couverture et laissez-vous porter par l’envie qui surgit en vous. Si vous avez fait le bon choix, une fois le livre terminé, vous aurez découvert tout un univers. Ce bonheur de lecture vous poussera à retourner dans la librairie, à en choisir un autre, puis encore un autre, et ainsi de suite. La littérature, c’est ce vaste territoire de liberté. Ignorez ceux qui prétendent qu’elle appartient à une petite élite d’intellectuels. Croyez-moi, ils ne sont pas aussi intelligents qu’ils le croient. Au contraire, c’est bien souvent tout le contraire.
Promenez-vous entre les rayons, touchez les livres, lisez les quatrièmes de couverture et laissez-vous porter par l’envie qui surgit en vous. Si vous avez fait le bon choix, une fois le livre terminé, vous aurez découvert tout un univers. Ce bonheur de lecture vous poussera à retourner dans la librairie, à en choisir un autre, puis encore un autre, et ainsi de suite.
Vous évoquez les livres comme un antidote face aux réseaux sociaux. Dans un monde où tout va à une vitesse effrénée et où nous sommes constamment sollicités par des notifications, pensez-vous qu’il est encore possible de se concentrer pleinement sur un livre ? Croyez-vous que le livre conserve son pouvoir dans la société moderne ?
Marc Levy : Les réseaux sociaux, et plus largement les smartphones, sont l’un des grands poisons de notre époque. Ces objets, devenus omniprésents, font de nous des êtres constamment connectés. Il n’y a pas eu, à part peut-être à une époque où l’on portait une épée à la ceinture, un moment dans l’histoire où l’homme a été aussi dépendant d’un outil. Aujourd’hui, vous dînez avec quelqu’un et vous consultez votre téléphone au lieu de discuter avec la personne en face de vous. Ces appareils ont été conçus pour nous faire passer constamment d’une chose à l’autre, ce qui entraîne un déficit d’attention et de concentration. Mais ce n’est pas une fatalité.
Cela rend le métier d’écrivain encore plus complexe, car pour capter l’attention d’un lecteur dans un livre de 300 pages, il faut que l’exigence soit d’autant plus grande. Quand j’étais enfant, il y avait trois chaînes de télévision, très peu de programmes de divertissement, pas d’Internet, et le cinéma était cher. Le livre était alors un remède extraordinaire contre l’ennui. Aujourd’hui, on n’a plus le droit d’ennuyer les gens, bien que je sois convaincu que l’ennui a des vertus, en particulier celle de stimuler l’imaginaire. Mais ce n’est qu’une phase, et là encore, la résistance consiste à ne pas accepter cette situation comme inévitable. Il faut, dans notre manière de travailler et d’écrire, réengager les lecteurs et leur donner envie de tourner les pages.
C’est intéressant, à mes débuts, le terme « page-turner », utilisé pour qualifier un livre qui donne envie de tourner les pages, était considéré comme péjoratif. C’est une contradiction amusante. Pourquoi serait-ce un défaut de vouloir que le lecteur ait envie de continuer ? Après tout, un bon livre, est-ce celui qui vous incite à rester sur la même page pendant des heures ? Non, ce n’est pas ça. Un bon livre, c’est celui qui provoque une émotion. Quand j’étais jeune, on disait la même chose de la télévision : qu’elle encourageait le zapping, et que les gens n’arrivaient plus à se concentrer. Pourtant, nous continuons toujours à lire.
Un homme ou une femme, un livre en main à la terrasse d’un café, est infiniment plus sexy qu’une personne en train de scroller son smartphone.

En tant qu’écrivain français le plus lu au monde, et quelqu’un qui a réussi à maintenir une connexion forte avec ses lecteurs, quelle est votre vision de l’avenir de la littérature et du livre face à la montée des technologies et des médias numériques ?
Marc Levy : Je suis optimiste. Je pense qu’on aura toujours envie de lire. Bien sûr, il y a un travail à faire pour guérir la société du mal qu’on a fait au livre, mais il existe aussi de nombreuses personnes qui, par leur passion, rendent un immense service à la littérature. Ces amoureux des livres, qui en parlent, sont essentiels pour son avenir.
Je pense qu’il y a une véritable campagne à mener pour faire comprendre qu’un homme ou une femme, un livre en main à la terrasse d’un café, est beaucoup plus sexy qu’une personne qui est en train de scroller sur son smartphone. Si cette image pouvait s’ancrer dans les esprits, ce serait déjà un grand pas. Il existe une sensualité propre aux livres qu’il faut faire redécouvrir, il existe une forme d’intimité dans les livres qu’il faut faire redécouvrir…
Je crois profondément à la notion de cycles. L’histoire oscille entre des périodes de dictature et de liberté : il y a des reculs, mais l’humanité progresse malgré tout. C’est dans cette tension entre avancées et retours en arrière que se joue notre destin collectif.
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