Rentrée 2025 : Nos Quatre Coups de Cœur

La rentrée littéraire d’automne 2025 aligne tant de romans qu’on s’y perd facilement, happé par la profusion des voix. CaféLitté a choisi d’en retenir quatre, des livres que notre petit œil littéraire pressent déjà comme des repères, appelés à marquer cette saison autant qu’à résonner durablement en nous.

Chaque automne, la rentrée littéraire s’impose comme un événement incontournable de la vie culturelle en France. Des centaines de romans affluent, portés par l’attente des lecteurs, la curiosité des critiques et l’effervescence des éditeurs. Cette profusion, si stimulante, rend parfois difficile le choix parmi les voix nouvelles ou confirmées. C’est pourquoi CaféLitté a décidé de mettre en lumière quatre titres qui, par leur intensité et leur singularité, nous semblent appelés à marquer cette rentrée littéraire d’automne 2025.

Jakuta Alikavazovic, Au grand jamais (Gallimard, 21 août 2025)

« On grandit autant dans un pays, dans un foyer, que dans certaines histoires… » Dès l’incipit, Jakuta Alikavazovic installe la tonalité de son nouveau roman : intime, grave, mais traversé d’une quête vitale de vérité. La narratrice y enquête sur la disparition de sa mère, poétesse autrefois acclamée dans son pays d’origine puis effacée en France, où l’écriture s’était peu à peu éteinte. Cette absence devient une énigme, un fil à dénouer pour comprendre ce qui se transmet dans le silence comme dans la parole interrompue.

Suivant son instinct — ou peut-être un don —, la fille devenue mère s’attache aux symptômes d’une histoire refoulée, jusqu’à en exhumer le cœur battant. Tout en échos et en replis secrets, Au grand jamais se révèle un grand roman sur les non-dits familiaux, sur ce qui hante les générations et sur ces histoires intimes qui, qu’on le veuille ou non, nous aident à vivre.

« Avec Au grand jamais, récit baroque et d’une grâce infinie autour de la figure de sa mère, Jakuta Alikavazovic confirme sa place désormais prééminente dans le paysage littéraire. » Livres Hebdo

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Joffrine Donnadieu, Aux nuits à venir (Gallimard, 21 août 2025)

« Son ventre est chaud, il brûle. Il ne reste plus que cette boule incandescente au niveau du nombril qui illumine tout sur son passage. Jamais elle n’a ressenti autant d’amour. Son ventre contient leur histoire. Elle flotte dans l’air comme un foulard emporté par le vent. Elle passe à travers la grille, y dépose la fourrure des souvenirs qui l’étouffaient, les secrets enfouis, sa vie faussée. Elle dépose les angoisses, les peurs, le dégoût d’elle-même, l’effroi, la culpabilité, les mensonges et les sombres nuits. »

À trente-quatre ans, Marguerite, dite Marge, fuit la moindre entrave à sa liberté. Sans emploi ni logement stables, elle est envahie par des personnages qui peuplent ses nuits, chacun réclamant qu’elle raconte son histoire. Elle finit par trouver refuge dans la cabane d’un chantier abandonné, rue des Martyrs. En escaladant l’échafaudage de l’immeuble vide, elle découvre un dernier occupant : Victor, ancien militaire, qui résiste aux pressions du promoteur immobilier. Ensemble, ils vont faire alliance contre le monde extérieur. Alors que chaque nuit Marge met au monde les créatures qui la hantent et lui dévoilent un lourd secret d’enfance, la passion amoureuse va saisir les deux réfractaires aux destins si opposés. Ce roman plein de fougue emporte le lecteur dans l’histoire d’un amour ardent, nourri par la puissance de l’imaginaire. Joffrine Donnadieu libère ici une langue charnelle, vibrante, habitée.

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Agnès Desarthe, L’Oreille absolue (Éditions de l’Olivier, 22 août 2025)

« C’était un hiver lumineux et sec où rien ne semblait devoir mourir. » Un petit garçon intenable rencontre un homme au bout du rouleau. Une femme retrouve son amant disparu. Un musicien prépare un concours avec un jeune prodige qui ne sait pas lire une note. Deux adolescents filent à moto sans casque.
Ces personnages – et bien d’autres encore – semblent n’avoir aucun lien entre eux, si ce n’est que tous appartiennent à la même harmonie municipale. Mais une fillette timide promise à un brillant avenir les observe sans qu’ils le sachent. Elle comprend qu’un fil les relie tous et qu’un sort a suspendu pour un temps les drames individuels. Que ce fil vienne à rompre, et tous tomberont. La musique, alors, s’arrêtera.

Dans cet admirable roman polyphonique, Agnès Desarthe s’amuse à nouer et dénouer les destins par le seul jeu de l’écriture.

Nathacha Appanah, La nuit au cœur (Gallimard, 21 août 2025)

« De ces nuits et de ces vies, de ces femmes qui courent, de ces cœurs qui luttent, de ces instants qui sont si accablants qu’ils ne rentrent pas dans la mesure du temps, il a fallu faire quelque chose. Il y a l’impossibilité de la vérité entière à chaque page mais la quête désespérée d’une justesse au plus près de la vie, de la nuit, du cœur, du corps, de l’esprit. De ces trois femmes, il a fallu commencer par la première, celle qui vient d’avoir vingt-cinq ans quand elle court et qui est la seule à être encore en vie aujourd’hui.
Cette femme, c’est moi. »

La nuit au cœur entrelace trois histoires de femmes victimes de la violence de leur compagnon. Sur le fil entre force et humilité, Nathacha Appanah scrute l’énigme insupportable du féminicide conjugal, quand la nuit noire prend la place de l’amour.

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